L’argent ne fait pas le football: ou comment couler un club en 10 leçons
Quand on pense football, les premières images qui viennent en tête sont celles des joueurs et de l’entraîneur: ils sont dans la lumière, ceux sur qui retombent les louanges ou la foudre, selon les résultats. Mais le président de club, bien que plus en retrait (n’est-ce pas Mr Aulas ?), a un rôle décisif dans la bonne marche de son club : c’est lui qui décide la stratégie à suivre, et les axes à développer.
Les 10 présidents que Toolito va vous présenter maintenant ne sont pas de bons exemples. Chacun à sa manière, parfois même avec de bonnes intentions, a fait des choix dont les conséquences ont été immédiates et dévastatrices pour les clubs concernés: fraudes en tout genre, malversations financières, gestion délirante… Retour sur ces proprios givrés.
George Reynolds
Crédit photo: Chronicle Live
George Reynolds commença sa « carrière » comme petit malfrat, volant de délit en délit, jusqu’à ses quatre années de prison et sa reconversion dans le vol légal en tant que business man. En 1999, il s’entiche du Darlington FC, quatrième division anglaise, 2000 supporters, et fait construire un stade de 25.000 places, l’humble « Reynolds Arena ». Les rêves s’arrêtent rapidement pour les supporters locaux, puisque que Reynolds est condamné en 2005 pour blanchiment d’argent, entraînant inévitablement le club dans sa chute.
Craig Whyte
Crédit photo: Daily Record
Le club des Glasgow Rangers n’a pas grand-chose à envier aux autres clubs européens: 114 titres nationaux, des fans hallucinants, les Rangers n’ont jamais failli en 121 années de football professionnel. Pourtant 2012 est vraiment synonyme de scénario catastrophe, les effets spéciaux en moins : le monument du foot vacille, au bord du dépôt de bilan, les montages financiers auront eu raison de lui. Les Rangers sont relégués en quatrième division, déstabilisant l’ensemble du football écossais.
Luciano Gaucci
Crédit photo: Barletta Sport
Le nom ne vous est peut-être pas familier, mais Luciano Gaucci a été impliqué directement dans la direction de 5 clubs, Perugia, Viterbese, Sambenedettese, Catania et Roma. Il s’était fait remarqué pendant le Coupe du Monde 2002 après la défaite de l’Italie face à la Corée du Sud, en virant le buteur coréen évoluant à Perugia. C’est aussi lui qui a recruté le fils de Khaddafi et déclarait préférer les chevaux aux footballeurs, sous prétexte qu’ils ne vont pas en boite de nuit.
Zeljko Raznatovic
Crédit photo: Footballski
Là on change directement de catégorie, celui qu l’on surnomme Arko est un candidat sérieux. Criminel notoire, il était le puissant dirigeant d’une milice dans les Balkans, recherché par Interpol pour de multiples meurtres et par l’ONU pour crime contre l’humanité. Sa carrière footballistique commence en 1996 par l’achat du FK Obilic, et tout semble indiquer qu’il est un propriétaire de génie : promu la première année, le club finit champion de Serbie l’année suivante. De la triche ? Pas vraiment, mais des méthodes locales : intimidation, menace, séquestration, peut-être les clés de la réussite pour l’ETG ?
Bulat Chagaev
Crédit photo: Slate
L’homme d’affaire tchétchène a acheté le club suisse de Neuchatel Xmax, et cet achat fut immédiatement suivi par un chaos administratif sans nom, le fameux « faire table rase ». Chagaev vire quatre entraineurs en sept mois, coupe les liens avec les sponsors, et licencie tous le personnel administratif du club. Résultat ? Le club sombre à mesure que la folie du Tchétchène l’emporte sur la raison. Il s’avèrera que sieur Bulat n’avait même pas de visa valable, l’immigrant 2.0 : il partira avec les recettes, laissant le club voguer dans les divisions inférieures.
Vincent Tan
Crédit photo: The Times
L’homme est arrivé en sauveur, il est reparti comme un voleur ! L’homme d’affaire malaysien a en effet beaucoup contribué au renouveau de Cardiff City, investissant de manière généreuse et presque déraisonnée, et surtout accédant aux lumières de la Premier League. En haut de l’affiche, Tan décide de changer les couleurs traditionnelles du club, passant du bleu au rouge, et de virer son entraîneur pour donner les rênes à l’ex-supersub de Manchester Ole Gunnar Solskjaer : joli coup de pub mais piètre choix au final, puisque l’inexpérience de Solskjaer aura raison du club.
Alex Hamilton
Crédit photo: Daily Post
Le mec est un escroc de la pire espèce, un homme d’affaire sans complexe, prêt à tout pour arriver à ses fins. En 2002, Hamilton achète le Wrexham FC, mais très vite il est facile de voir que l’individu ne s’intéresse que très peu au football. Lui ce qu’il veut, c’est disposer du stade à sa guise, quitte à faire disparaître une histoire commencée en 1872 ! Alex Hamilton voulait construire des commerces, et heureusement le tribunal donna raison au club en rejetant le projet de construction. Alors il n’est pas si vilain le président du PSG, non ?
John Batchelor
Crédit photo: Daily Mail
On continue de monter dans les tours avec John Batchelor, un président dont le nom et aussi ridicule que ses actions. Propriétaire de York City, quatrième division anglaise, Batchelor décide de changer le nom du club de « York City Football Club » en « York City Soccer Club », une pathétique tentative d’attirer des sponsors made in USA, un échec prévisible. Egalement propriétaire d’une écurie racing, il prend soin de transvaser l’argent du club vers ses propres intérêts. Interrogé sur ces opérations financières, il resta moralement irréprochable : « c’est ce que je fais pour gagner ma vie, je n des entreprises. »
Ken Richardson
Crédit photo: BBC
Ken Richardson avait bien mal commencé sa prise de fonction au Doncaster Rovers, en nommant Mark Weaver comme entraineur : inexpérimenté, Weaver détruisit l’équipe par son travail effroyable, annulant parfois l’entrainement pour raison économique. Les Rovers relégués, les finances dans le rouge, Richardson élabora une fraude à l’assurance, engageant un ancien SAS pour bruler le stade : manque de bol, l’espion chevronné oublia son téléphone sur place.
Stuart Lovering
Crédit photo: Wales Online
Bon, le cas Lovering est un cas clinique, de ceux qui permettent à l’ensemble des observateurs de prendre des notes sur ce qu’il ne faut pas faire. Propriétaire de Barry Town, club du Pays de Galle, Stuart Lovering est arrivé, comme souvent en sauveur, épongeant les dettes d’un des leaders de la Welsh Pemier League. Puis c’est le délire total : projet de construction d’un stade de 40000 places, doublement du prix des billets, il demanda à la ligue de créer un règle afin que Barry Town ne soit jamais relégué, délocalisa le club loin de la ville de Barry, avant de retirer en 2011 son club de la ligue professionnelle de football écossaise.