Au Rugby, certains ailiers sont le cauchemar des défenses.
Il y a quelques jours, le monde du rugby en deuil saluait une dernière fois la légende Jonah Lomu. Le colosse aux reins d’argile qui avait mystifié tant de défenses, renversé tant de fois ses vis-à-vis et apporté au monde entier tant de frissons, s’en allait.
Face à de telles images, difficile de ne pas être admiratif:
« Le Rugby tire une grande part de sa popularité de cette fascination à regarder l’autre se mettre en danger. À regarder jouer celui qui n’a pas peur. »
Daniel Herrero
Quoi de plus beau alors pour quelqu’un en manque de pulsion animale du combat, de confrontation au danger physique et d’occasion d’éprouver son courage qu’un raffut en bout de ligne ou une charge puissante à l’épaule. Si symbolique, l’ailier seul contre le reste de la défense vient affronter et se jeter à corps perdu dans une marée humaine. Sur l’aile, il est le dernier espoir de son équipe et de son pack d’avant qui travaille au ras depuis déjà plusieurs temps de jeu.
Imaginez: le porteur du ballon poussé par tout un stade est en pleine course dans la défense ennemie. Face à la dernière sentinelle, il bloque le cuir contre son cœur et envoie une main puissante vers le visage de l’imprudent qui s’interpose entre lui et le nirvana. Le choc est sourd, la foule hurle de délice alors que le dernier défenseur s’envole sur plusieurs mètres. L’ovale, lui, s’écrase dans l’en-but, l’arbitre lève le bras et porte le sifflet à ses lèvres; il y a essai.
Voici une sélection de trois ailiers qui excellent dans l’art de négocier brutalement un duel, et ce, pour notre plus grand plaisir.
Le Bulldozer Samoan, Alesana Tuilagi
De puissants appuis, une agressivité hors norme sur les placages et un potentiel de destruction notoire, la fratrie Tuilagi n’a décidément pas fait dans la dentelle.
Il distribue caramels sur caramels dans la plus pure tradition des îles; avec force et fracas et souvent à la limite de la légalité. L’ailier puissant a beau peser ses 110 kilos pour 1 mètre 85, il n’en reste pas moins rapide; ses prises d’intervalles sont dévastatrices. S’il n’arrive pas à éliminer son adversaire, sa capacité à faire jouer derrière lui est évidente. Avec un tel gabarit, les courses en bout de ligne se passent généralement bien, surtout face à des ailiers européens aux mensurations bien plus standards.
Julian Savea, l’héritier
Beaucoup à la vue de son jeu n’hésite pas à le surnommer l’héritier de Jonah Lomu.
Il a sévi à la dernière Coupe du Monde et laissé à la défense tricolore des souvenirs certainement impérissables. Julian Savea le fougueux 11 All Black n’a plus à prouver sa capacité à subir un placage et servir un ballon propre malgré tout. Dans son panel de qualités, il compte aussi comme tous les meilleurs ailiers des appuis de feu et une capacité accrue à remporter ses duels. Que ce soit par des crochets, un cadrage débordement ou des raffuts, le mètre 90 et les 105 kilos de Savea font de lui, à l’image de Tuilagi précédemment, le stéréotype de l’ailier primé ses dernières années par les grands clubs. Puissant sur ses charges, rapide et bon défenseur.
Napolioni Nalaga, la vedette Fidjienne
Les premières images suffisent à montrer cette évidence; Nalaga se balade dans la défense adverse.
Détesté des défenses du Top 14 sous le maillot de l’ASM, Napolioni Nalaga (aujourd’hui en Pro D2 au LOU) est le mélange affolant entre un tank, une savonnette et une boule de caoutchouc. Le résultat est invariablement une défense affolée et un entraîneur qui s’époumone; « Aux jaaaaaambes ! »
Face à ces redoutables finisseurs, c’est la solution primée. Il s’agit alors de ne pas trop se consommer dans les rucks pour ne pas laisser l’adversaire créer de surnombre en bout de ligne. Si le placage aux jambes est propre, il ne reste plus qu’à enfermer l’ailier dans son couloir en faisant malgré tout attention à ne pas libérer d’intervalles qu’une remise intérieure pourrait sanctionner lourdement. En effet, mêmes plaqués ils sont toujours dangereux; arrêter ce genre d’ailier est rarement une mince affaire.
Crédit photo principale : The Guardian