Un peu partout dans le monde, des sportives féminines montent au créneau pour demander une meilleure parité dans le domaine du sport. Les rencontres féminines sont effectivement beaucoup moins médiatisées, les diffuseurs évoquant officiellement leur côté moins spectaculaire. Alors que l’équipe de France féminine de rugby vient de remporter une nouvelle fois le tournoi des VI Nations pour les femmes, les îles Tonga prennent une direction tout opposée.
Une interdiction au nom de « la dignité »
En Polynésie, dans le sud de l’océan Pacifique, les Tonga forment un royaume insulaire dépassant à peine les 100 000 habitants. Tous les quatre ans, l’équipe nationale masculine de rugby participe à la coupe du monde. Depuis la capitale Nuku’alofa, le gouvernement a promulgué un décret interdisant aux filles la pratique de la boxe et du rugby. La nouvelle a dépassé les frontières en fin de semaine dernière et arrive tout juste dans l’Hexagone. Les réseaux sociaux ont largement servi de relais :
Tonga Gov't bans females from playing rugby. Minister of Education Penisimani Fifta (pictured below) has banned all…
Publiée par So Tongan sur Lundi 19 mars 2018
Dans une circulaire, le ministère de l’Éducation des Tonga a expliqué le sens de cette législation. Il s’agirait officiellement de « préserver la dignité des Tongiennes et de protéger les valeurs culturelles des îles Tonga ». La violence du rugby et de la boxe a donc été jugée, par les autorités locales, comme étant contraire à la dignité féminine. Cette loi inédite a été appliquée une première fois la semaine dernière, à l’encontre d’élèves de sexe féminin d’un lycée. Même le « toucher », sans plaquages, est interdit aux filles.
Déjà quelques réactions
Les premières ripostes ne sont pas venues des féministes tongiennes, mais d’une grande nation du rugby. C’est la relativement proche Nouvelle-Zélande qui a pris la nouvelle très à cœur. Une lanceuse de poids néo-zélandaise, Valeria Adams, a critiqué une interprétation biaisée de la culture tongienne. Elle a mis en avant sur Facebook ses propres origines tongiennes tout en évoquant ses deux médailles d’or aux Jeux olympique et ses quatre titres mondiaux. Pourtant, le décret tongien ne concerne pas l’athlétisme. L’actualité en question remet également en avant des vidéos tongiennes de rugby féminin, comme celle-ci :
Le Premier ministre de la Nouvelle-Zélande, à savoir Jacinda Ardern, ne pense pas autrement. Elle a confié avoir elle-même joué au rugby à toucher dans sa jeunesse. C’est d’autant plus important que cet État aide financièrement les îles Tonga. Le gouvernement néo-zélandais a donc déclaré regretter ce décret et ne pas vouloir faire la même chose de son côté. Ardern a invité les jeunes Tongiennes à contourner une mesure qui ne s’applique qu’aux écoles. Les jeunes filles pourraient donc très bien jouer entre elles pour s’amuser en dehors de la classe, ou alors en club. Le gouvernement tongien va-t-il faire machine arrière devant cette levée de boucliers ? À voir !