La récente suspension à vie du coureur cycliste italien Riccardo Ricco ainsi que l’enquête dont fait l’objet l’équipe française Arkéa-Samsic ne font que renforcer un peu plus la triste image de ce sport, qui lui colle à la peau depuis trop longtemps.
Suspension à vie
A la suite d’une procédure lancée par la Fédération italienne de cyclisme pour « commerce illicite de substances et/ou méthodes interdites » entre 2015 et 2017, le Tribunal antidopage italien a décidé, lundi 14 décembre, de suspendre à vie l’ancien coureur Riccardo Riccò. Une sanction qui met un terme à la carrière du « Cobra », jalonnée de scandales : après un contrôle positif à l’EPO, il a été expulsé de l’édition 2008 du Tour de France. La découverte de tout le matériel nécessaire au dopage ainsi que d’un produit masquant lui a alors valu une suspension de 20 mois, deux mois de prison et 3 000 euros d’amende.
Revenu à la compétition en 2010, Riccò a ensuite été licencié par son équipe Vacansoleil-DCM en février 2011, après avoir eu recours à une autotransfusion. Il avait alors été condamné à une suspension de douze ans devant prendre fin en 2023. Une échéance rendue obsolète par la récente décision du tribunal italien.
Si ce n’est pas la première fois qu’une personnalité du monde du cyclisme écope d’une telle sanction (Johan Bruyneel en 2018), c’est un nouveau coup dur pour l’image de la discipline, et plus particulièrement celle du Tour de France, dont les participants se sentent plus que jamais pris pour cible. « Tous ceux qui gagnent le Tour sont suspects et cela à cause du passé de certains. C’est l’histoire du cyclisme, il y a eu tellement d’affaires que c’est difficile pour les gens de croire. Il faudra encore beaucoup de temps pour sortir de ça et gagner le respect à nouveau », confiait ainsi, le 16 décembre dernier, le jeune Slovène Tadej Pogačar, dont la prestation lors de la dernière édition du Tour en a fait douter plus d’un.
Des “affaires” en effet tristement nombreuses : en 1998, un contrôle de routine aboutissait à la découverte de plus de 400 flacons de produits dopants et stupéfiants dans la voiture du soigneur de l’équipe Festina. A peine un an plus tard, Lance Armstrong était contrôlé positif aux corticoïdes. Couvert par un certificat médical établi a posteriori, l’Américain finira par avouer ses pratiques dopantes en 2013, soit 14 ans et 7 titres plus tard.
Arkéa-Samsic : la tête dans le guidon
Et si les affaires Landis (2006), Astana (2007) et Contador (2010) n’avaient pas vraiment contribué à redorer l’image de la Grande Boucle, aucun incident notable n’était à déplorer depuis près d’une vingtaine d’années. Jusqu’à l’édition 2020 : lundi 21 septembre, au lendemain de l’arrivée des coureurs à Paris, le parquet de Marseille annonçait en effet l’ouverture d’une enquête préliminaire pour des suspicions de dopage concernant plusieurs coureurs de l’équipe française Arkéa-Samsic.
Un médecin et un kinésithérapeute, appartenant à « l’environnement proche du coureur principal », le Colombien Nairo Quintana, ont alors été placés en garde à vue et entendus à Arcueil (Val-de-Marne), dans les locaux de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP). Une décision justifiée par « la découverte de nombreux produits de santé dont des médicaments dans leurs affaires personnelles, mais également et surtout une méthode pouvant être qualifiée de dopante », selon la procureure de Marseille, Dominique Laurens.
« Ça sent mauvais »
Si Emmanuel Hubert, le manager d’Arkéa-Samsic, affirmait récemment qu’il n’avait « pas de doute » sur la probité de Nairo Quintana, le mal était fait : la réputation de l’équipe, de ses sponsors, et encore une fois du Tour de France, est désormais plus que jamais entachée.
En témoignent les propos de Christian Roulleau, cofondateur de Samsic, recueillis par Ouest-France le 8 octobre dernier : « On attend avec impatience la fin de l’histoire, et on espère que la justice va aller très vite. On ne se rend pas compte des dégâts que cela peut faire. Il y a quand même une centaine de personnes qui travaillent dans l’équipe. C’est comme de l’eau trouble, ça sent mauvais », a-t-il ainsi expliqué. Et celui-ci d’ajouter : « Ça salit tellement de gens… Un garçon comme Warren (Barguil) était catastrophé avec ça. Manu (Hubert) est malheureux aussi avec ça… ». Pas de doute, l’affaire Arkéa-Samsic laissera des traces, à l’instar de toutes les autres.