Le carton rouge de 20 minutes dans le rugby, actuellement en discussion par le World Rugby, fait débat au sein du rugby français. Les acteurs du sport roi de l’ovalie font part de leur opposition à cette modification potentielle des règles, craignant principalement pour la sécurité des joueurs et l’équité du jeu.
Le carton rouge de 20 minutes dans le viseur du rugby français
En marge de la décision ce jeudi 9 mai du Conseil de World Rugby concernant l’élargissement des tests du carton rouge de 20 minutes aux compétitions de l’hémisphère Nord, différents acteurs du rugby français expriment leur inquiétude. RMC Sport a recueilli leur sentiment.
La discussion autour du carton rouge, symbolisant une expulsion pour faute grave, évolue. Aujourd’hui, il est envisagé de réduire la sanction à 20 minutes. Durant ce temps, l’équipe sanctionnée pourrait remplacer le joueur fautif passé ce délai, un changement de taille dans l’équilibre des rencontres.
Soulever des défenses pour l’intégrité des joueurs et du jeu
Laurent Travers, président du Racing 92, plaide pour l’intégrité des joueurs. Selon lui, les règles doivent évoluer pour rendre le rugby plus attractif mais pas au détriment de la sécurité des joueurs. « Il est important d’avoir du spectacle, mais pas au détriment de la sécurité du joueur. Le carton rouge pousse les joueurs à être vigilants et à se maîtriser », affirme-t-il.
L’ancien entraîneur suggère même d’élargir le recours au ‘bunker’, une instance qui permet à l’arbitre de demander l’avis de son assistant vidéo sur une faute potentiellement sanctionnable par un rouge. « Le bunker existe, autant l’étendre au Top 14 avec la possibilité de prendre le temps de regarder les gestes dangereux », souligne Travers.
Le rugby doit-il faire un retour en arrière ?
David Skrela, ancien trois-quart du XV de France, se montre également sceptique face à cette possibilité de modification du carton rouge. Il souligne les efforts fournis par le rugby pour diminuer la violence sur le terrain, notamment grâce à l’utilisation de la vidéo.
La modification envisagée est vue par certains comme un retour en arrière. Jean-Marc Lhermet, vice-président de la Fédération Française de Rugby en charge des équipes de France, met en avant l’impact qu’a eu le carton rouge sur l’évolution de la discipline sur le terrain.
« Le vrai impact du carton rouge, c’est la sanction collective, le fait que toute l’équipe soit impactée. C’est pour ça que tous les entraîneurs portent une attention particulière sur la discipline. Ils savent que ça peut avoir un impact sur le match », insiste Lhermet, exprimant ainsi son opposition à cette règle qu’il considère comme un « retour en arrière par rapport à la lutte contre le jeu déloyal et contre la violence dans le rugby ».
Une position d’opposition qui pourrait s’affirmer
Pour Jean-Marc Lhermet, l’introduction du carton rouge de 20 minutes relève plus de la précipitations que d’une réflexion approfondie : « On n’a aucune analyse précise sur la réussite de ce test dans les compétitions de l’hémisphère Sud et pourtant ils veulent le généraliser à tout le rugby. […] Ce que l’on veut, c’est une réflexion approfondie. Si World Rugby décide de généraliser cette règle, alors la question de notre opposition se posera. »
Alors que le rugby français semble pencher vers le refus de cette modification, qu’en sera-t-il des autres nations de l’hémisphère Nord ? Et si jamais le carton rouge de 20 minutes était accepté, comment cela impacterait-il l’équilibre du rugby de haut niveau ?