Matthias Sindelar, histoire d’un footballeur autrichien devenu le symbole de l’anti-nazisme
En des temps où les footballeurs n’avaient pas pour unique préoccupation les paillettes et les marques italiennes Gucci ou Bugatti, certains athlètes sortaient de l’ordinaire, soit grâce à des qualités techniques hors norme, soit contraint d’agir sous le joug d’une situation particulièrement oppressante. Matthias Sindelar est inclassable, et pour cela les deux catégories susmentionnées lui correspondent : un footballeur légendaire, largement au même niveau que les stars du moment que sont l’italien Giuseppe Meazza et le hongrois György Sarosi, et en parallèle un homme, ou plutôt un Homme, un de ceux qui ne baissent pas les yeux.
Sindelar était avant tout un attaquant remarquable, un prodigieux buteur, véritable talisman pour la sélection nationale autrichienne, la tout aussi légendaire Wunderteam, capable de but incroyable à la Maradona cuvée 1986, et surtout d’inscrire son nom au palmarès du football mondial pour l’éternité. Ses qualités balle au pied lui valurent le surnom de Mozart du Football, son physique presque incompatible avec le football fit de lui Der Papierene (l’homme de papier) et l’Histoire l’érigea en résistant, un insoumis.
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Jouer au football en Autriche dans les années 1930, n’est peut-être pas le meilleur destin envisageable, Sindelar, lui est resté droit dans ses crampons, sans jamais accepter cette situation insupportable qu’a été l’Anschluss, une autre idée de Deutschland Uber Alles. D’ailleurs le Führer s’est vite rendu compte qu’il ne tenait pas en Matthias Sindelar un soutien inconditionnel, l’Autrichien relevant davantage de la catégorie têtu. Suite à l’annexion, des festivités furent organisées, afin d’apposer quelques sourires à cette union forcée, notamment un match durant lequel l’Autriche triompha de l’Allemagne, avec un Sindelar en feu, buteur et refusant de serrer la main de tonton Adolf et de jouer pour son Reich à la Coupe du Monde en 1938.
La légende est née, lors de la finale entre l’Italie et la Hongrie à Paris, Sindelar décide d’assister à la rencontre, lorsque des fans le reconnaissent et se mettent à entonner La Marseillaise. Le refus de saluer Hitler fut en quelque sorte une onde d’espoir, prêt à galvaniser les gens apeurés par le grand méchant allemand, mais ce fut surtout une prise de parti pour Sindelar. Il n’est pas qu’un simple footballeur, c’est un résistant, l’un des premiers. Il fut retrouvé mort, officiellement un empoisonnement au monoxyde de carbone, d’autres sources indiquent un suicide ou un nettoyage en règle signé Gestapo. Après sa mort la légende Sindelar a continué : le jour de son enterrement 40.000 personnes ont fait le déplacement, un ultime défi lancé à Hitler.
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