Roger Marche, l’histoire d’un footballeur français, un sanglier en défense
Un peu d’histoire n’a jamais fait de mal à personne, une plongée au cœur des premiers Grands du football français, focus sur une époque que les Footix et les fans du QSG n’ont pas connu. Car le foot n’a pas commencé en 1998 ni en 1982, une triste nouvelle, j’en conviens, pour tous les amoureux de la charnière centrale Desailly-Blanc, et une désillusion sans pareille pour les plus jeunes qui pensent que Leboeuf avait quelque chose de spécial. Retour sur une légende oubliée, j’ai nommé Roger Marche…
Le Sanglier des Ardennes
Un sobriquet qui sent bon le terroir, que beaucoup auraient du mal à porter de nos jours, mais en ces temps reculés, un joueur portait fièrement ce surnom, un rappel à la fois de ses origines et aussi de ses aptitudes : Roger Marche est un enfant du pays, né à Villers-Semeuse, petite bourgade des Ardennes, isolée, qui donnera ce caractère si solitaire au joueur. Roger n’a pas pour habitude de s’entraîner avec ses collègues du Stade de Reims, où il passera la première partie de sa carrière, préférant les grands espaces et l’odeur des obscures forêts des Ardennes. Nous sommes d’accord que l’époque était plus propice à ce genre de fantaisie, il serait en effet difficile d’imaginer tel processus de nos jours, les clubs devraient alors se munir d’un aéroport privé.
Crédit photo: Wikimedia – Winterbergen
Physiquement, Le Sanglier ressemble plus à Letchkov qu’à Beckham, une pilosité crânienne peu féconde mais des cuisses velues qui lui permettent certainement de passer les rugueux hiver du Nord-Est de la France. Ajoutons à cela un tempérament de guerrier non sans rappeler un certain Gattuso pour les plus jeunes, et nous obtenons un défenseur légendaire, longtemps recordman des titularisations en équipe de France avec 63 sélections.
Sa vie, notre œuvre
Malgré des statistiques à la Didier Deschamps, entendez par-là très peu de buts marqués (un but en club pour 543 apparitions et un but en équipe de France), il fut comme Didier Deschamps l’un des plus beaux palmarès français, vainqueur de deux championnats de France avec Reims et de coupes que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Roger Marche fut surtout un grand animateur de l’équipe de France, participant à deux coupes du monde en Suisse et en Suède : titulaire ou remplaçant, Roger n’en a cure (et oui qui dit prénom du XIXème siècle, dit expression de la même époque !), son entêtement et son amour pour le maillot sont deux valeurs qui volent bien au-dessus de son égo, prends ça Samir !
Avec Robert Jonquet à ses côtés, il illumina l’Europe avec l’équipe de Reims, une équipe qui comptait dans ses rangs d’autres noms devenus légendes, parmi lesquels Kopa, Fontaine et Piantoni. Sa carrière se termina dans la plus grande modestie, puisqu’il retourna chez lui, dans les Ardennes, terminant à Mohon, le club qui l’avait vu naître, comme entraîneur-joueur, puis comme routier; un bel exemple de simplicité, une belle référence pour les gamins qui ne rêvent plus de foot mais de stars.
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