Faas Wilkes, histoire d’un footballeur néerlandais, l’idole de Cruyff, l’ancêtre de CR7
Bon, prenez le temps de vous asseoir confortablement, car oui, malgré l’immodestie qui le caractérisait, le grand Johan Cruyff avait aussi une idole, et elle se prénommait Faas Wilkes. Les Pays-Bas ont de tous temps été le berceau de grands joueurs, les amateurs du ballon rond étant capables de citer une pléiade d’artistes, mais rarement le nom de Wilkes revient. Pourquoi ? Tout simplement parce que certains mythes sont enterrés profondément sous la poussière du temps, des joueurs de classe mondiale qui n’ont malheureusement pas eu la chance de connaître l’époque où les images reflètent l’étendue de leur talent. Faas Wilkes fut un joueur légendaire, un « Cristiano Ronaldo » avant l’heure, la Mona Lisa de Rotterdam.
Le Hollandais errant
Dans bien des domaines Faas Wilkes fut un pionnier, notamment dans cette volonté qu’il avait de vouloir jouer en dehors des Pays-Bas, une volonté qui naquit d’une rivalité croissante avec le big boss de la KNVB. En effet, Wilkes était un talent pur, un attaquant complet que de nombreux clubs souhaitaient attirer dans leurs filets, à grands coups de billets ou de tracteurs ! Le dilemme était complexe puisqu’à l’époque un joueur professionnel ne pouvait représenter l’équipe nationale, un choix difficile mais qu’accepta Faas au moment de signer à l’Inter Milan pour une somme alors inégalée; déjà un point commun avec la superstar portugaise. En Italie, Wilkes devint rapidement le chouchou des Nerazzurri, devant les pointures du clubs comme Amedeo Amadei ou Istvan Nyers. À partir de ce moment là le Hollandais ne s’arrêta plus de voyager, ouvrant les portes à la grande transhumance des joueurs que nous connaissons actuellement : l’Internazionale, le Torino, Valencia, Venlo, Levante, le Fortuna ’54, un voyage sans fin qui le conduisit à briller partout où il joua.
Crédit photo: Wikimedia – Nationaal Archief Fotocollectie Anefo
Un professionnel au temps des amateurs
Faas Wilkes fut tout simplement la première superstar du football européen, bien aidé par le jeu de l’époque qui favorisait davantage les exploits individuels plutôt que la tactique d’équipe. Et du talent individuel, Faas en avait à revendre, autant que de la confiance en soi bien souvent assimilée à de l’arrogance (CR7, sors de ce corps!) : il avait notamment la faculté d’éliminer de nombreux adversaires, avec grâce et efficacité, si bien qu’il avait aussi tendance à se la jouer perso, poussant le vice parfois à revenir sur ses pas pour recommencer le travail de dribble, une succession d’humiliation que ses adversaires ne pouvaient malheureusement esquiver. Peu lui importait la brutalité des défenses italiennes, sorte de franchises boucherie-charcuterie, Wilkes avait une certaine idée du football, un football où lui jouait pendant que ses collègues l’admiraient. Néanmoins ces facéties eurent raison de son physique irréprochable, beaucoup de coups, beaucoup de blessures le poussèrent à bouger en Espagne. Là-bas, opposé aux légendes Di Stefano (Real Madrid) et Lazlo Kubala (FC Barcelone), il fut considéré ni plus ni moins comme le meilleur de son époque, bien que la postérité n’ait retenu que l’argentin et le hongrois.
Malgré son talent, Faas Wilkes n’a pas un palmarès resplendissant, la faute à un football très différent, la faute à une époque où les coupes en étaient à leurs balbutiements et le professionnalisme mal vu.
Crédit photo principale : La Galeria del Futbol