Liverpool – Milan AC : 0-3. Il reste 45 minutes à jouer. Que s’est-il dit dans le vestiaire de Liverpool ?
Cette semaine, le magazine France Football consacre un dossier intitulé « Quand l’entraîneur «retourne» son vestiaire », qui s’arrête, à travers de nombreux témoignages, sur les coaches qui ont tout fait basculer à la mi-temps. Un article paru dans France Football a dévoilé le discours tenu par Rafael Benítez lors du plus invraisemblable come-back de l’histoire des finales de Ligue des champions. Rappelez-vous, nous sommes le 25 mai 2005 au Stade olympique Atatürk, à Istanbul, et la finale oppose Liverpool au Milan AC (3-3 a.p., 3 t.a.b. à 2). On se rappelle tous de cette rencontre qui a vu les Rossoneri mener 3-0 à la mi-temps. La suite, on la connaît, Liverpool remonte le score et s’impose aux tirs au but. Mais qu’a-t’il bien pu se passer lors des quinze minutes de repos ?
Rafael Benitez est revenu en détail sur ce court moment dans les vestiaires qui a tout changé :
«Nous étions menés 0-2 et j’étais en train de prendre mes notes en anglais. Il fallait que ce soit écrit car je devais être précis dans une langue que je ne maîtrisais pas parfaitement. Je suis là, penché sur mon carnet à chercher mes mots quand je lève la tête : là, je vois Crespo lancé par Kaka qui file marquer le troisième but. Je n’avais plus qu’à jeter mon message car 0-3 ça change tout ! On passe d’un score où avec simplement un but on se relance totalement, à une situation où je dois convaincre mon équipe de réussir l’impossible : remonter trois buts en quarante-cinq minutes contre Milan. Je commence donc par leur dire : «Les gars, on n’a plus rien à perdre. Rien! On n’a pas fait tout ce chemin pour rien. Il faut juste penser à marquer un but, un seul et vous verrez, on sera de retour dans cette finale. Restez soudés, ne lâchez rien, rien, rien. Si vous pensez avoir tout donné, faites-en encore un peu plus, votre corps suivra. On a des milliers de fans avec nous, vous les avez vus, même à 0-3, ils continuent à nous pousser. Allez chercher ce petit supplément avec eux.»
Changements, choix tactiques, gestion de sa propre attitude…
«Après, il a fallu changer de tactique. Le plan de départ était de jouer en 4-2-3-1 avec Gerrard assez bas aux côtés de Xabi Alonso, Kewell en animateur libre plus haut et Baros en pointe. Le souci, c’est que ça laissait des espaces entre les lignes, pour Kaka notamment. L’idée était donc de faire entrer Dietmar Hamann au milieu pour verrouiller les lignes. Pour avoir ce milieu supplémentaire, il fallait donc passer à trois derrière. Mon idée était de repartir avec Carragher, Hyypiä et Finnan et de sortir mon latéral gauche Djimi Traoré. Et puis je vois le kiné qui s’attarde sur Finnan. «Que se passe-t-il?» Mon kiné me répond : «Problème musculaire. Je ne crois pas que Steve pourra jouer la seconde période.» La vraie tuile, d’autant qu’on avait déjà perdu Kewell en première période. Il ne fallait donc pas se tromper. Je demande donc à ce qu’on rappelle Traoré qui était parti à la douche. Et hop, il renfile sa tenue! Tout ça en quelques secondes. Je crois que ça a participé à ce que les joueurs reviennent sur le terrain avec la foi. Parce qu’ils ont vu que je ne tergiversais pas, que j’étais décidé. S’ils m’avaient vu désemparé devant tout ça, sans réponse par rapport aux différents problèmes posés, ça aurait sans doute été compliqué pour eux de repartir au combat avec toute la confiance nécessaire. Bien entendu, il était impossible de planifier un tel renversement de situation et je ne vais pas faire le malin en vous expliquant qu’avec mes changements et mon discours, j’étais persuadé qu’on allait l’emporter. Mais moi, mon job c’était de les convaincre que c’était possible. En ayant un discours clair. En faisant le coaching approprié. En me montrant serein. Mes derniers mots avant qu’ils ne retournent sur le terrain? Très simple : «Marquez un but. Un seul. Et on sera de retour dans cette finale.»
Le dossier est à retrouver intégralement cette semaine dans France Football.
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