Histoire d’un joueur hongrois, portrait d’un buteur né
Il fut un composant primordial de la première grande sélection hongroise de football, un talent inné qui joua aux côtés d’autres athlètes prestigieux comme Szabó, Lazar ou Sarosi jusqu’à devenir vice-champion du monde en 1938. C’est le troisième meilleur buteur de l’histoire du championnat hongrois avec 387 buts et le septième meilleur artilleur de tous les temps lorsque se comptabilise ses buts inscrits en Italie et en Colombie. Techniquement brillant, plus intelligent que la moyenne, avec un physique avantageux, Gyula Zsengeller était un joueur ambidextre et polyvalent grâce à sa rigueur tactique. Il est resté dans l’histoire avec le surnom de « Professeur » pour ses connaissances du latin et du français.
L’homme d’un club
Gyula Zsengeller commença à jouer dans les rues de son quartier avant d’intégrer des équipes professionnelles. En 1935 alors que le jeune attaquant hongrois participe pour la première fois au championnat pro de Hongrie, il se distingue immédiatement en inscrivant 19 buts lors des 24 premières rencontres. Mais c’est l’année suivante que sa carrière démarre vraiment, puisqu’il signe avec Újpest. Là, Zsengeller se plie parfaitement à l’exigence du club de la capitale, où il jouera pendant onze saisons, et ce malgré l’interruption dû au conflit mondial.
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Les bons résultats s’enchaînent, tant collectivement qu’individuellement, Zsengeller accrochera la place de meilleur buteur en 1937-1938 devant l’armada offensive du Ferencváros. La saison qui suit est encore plus flamboyante pour le talent magyar qui totalise alors 56 buts : cette fois le Professeur fait plus fort qu’être le meilleur dans son pays, il sera le meilleur buteur d’Europe. Du côté du championnat la lutte est âpre contre le grand Ferencváros, une lutte dont sortira quand même victorieux l’Újpest, le premier d’une longue série.
En 1947, la Hongrie connait déjà tout de Zsengeller, si bien que l’offre de la Roma tomba à point nommé, le début d’une nouvelle aventure. Mais le Professeur fait figure de vétéran, ses plus beaux jours sont derrière lui et cela se ressent sur son rendement, moins prolifique qu’à l’accoutumée. Il terminera sa carrière en Colombie, dans un club de seconde division.
Du devoir de la sélection nationale
Comme le montre sa carrière, Zsengeller apparait comme un bon soldat, un élément fidèle, dont la loyauté illumine ses résultats. Or ce qu’il a fait en club à Újpest, il le reproduisit avec la sélection nationale. Totalisant 32 buts en 39 apparitions, il fait même partie des joueurs ayant forgés la légende de la sélection hongroise. Le parcours exceptionnel de la Hongrie lors de la Coupe du Monde en France de 1938 lui est en partie dû.
Zsengeller fut un joueur décisif, le hongrois le plus en vue du tournoi, terminant même second meilleur buteur derrière une autre légende, le brésilien Leonidas. Le hasard fit bien les choses pour sa dernière apparition avec le maillot hongrois, puisque Zsengeller officia sur le terrain aux côtés de ceux qui allaient devenir les Magyars magiques (Puskas en tête).
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