Histoire de Arsenio Pastor Erico, un joueur paraguayen, l’idole de Di Stefano.
Arsenio Erico est un nom qui ne résonne plus beaucoup aujourd’hui, à part peut-être parmi les plus anciens, ou encore parmi les acharnés de FIFA, PES et autres Football Manager. Dans les années 1930/1940, le nom de cet attaquant paraguayen faisait pourtant briller des milliers d’yeux argentins, l’Argentine où Arsenio Erico demeure toujours le meilleur buteur du championnat et une légende absolue du côté de l’Independiente. Un rapide coup d’œil à quelques uns de ses surnoms suffisent à donner une idée de son génie footballistique: « Le Paraguayen d’Or », « Le Roi du But », « Le Diable Sauteur » ou encore « Le Virtuose » laissent à deviner un buteur implacable et insatiable. Arsenio Erico est considéré comme le huitième meilleur joueur sud-américain du XXème siècle, derrière des noms comme Pelé, Maradona, Di Stéfano, Garrincha, Moreno, Schiaffino et Zico, excusez du peu !
Premier club: la Croix Rouge
Afin de bien saisir la légende de « el aviador », une légère mise au point historique s’impose. Retour donc en 1932, en Amérique du Sud, où le Paraguay est alors en guerre contre la Bolivie pour le contrôle d’une région pétrolifère, le Gran Chaco. Comme souvent dans ces cas là, l’appât du gain supère de très loin les dommages collatéraux, si bien que la guerre du Chaco reste comme l’une des plus meurtrières sur cette partie du continent américain. Dans ce contexte, il est difficile d’imaginer que le football paraguayen ait pu se développer; en effet la majorité des footballeurs étaient enrôlés de force pour servir le pays, jusqu’à ce que la Croix Rouge locale eut l’idée de créer sa propre équipe de foot, afin de collecter de l’argent pour les victimes du conflit, quelles soient paraguayennes ou boliviennes.
Crédit photo: Taringa
En 1932, le jeune Arsenio Erico n’a que 17 ans, un âge insuffisant pour l’appel au drapeau, mais déjà le talent nécessaire pour faire vibrer les foules, si bien qu’une place lui fut rapidement octroyée. Très vite, les yeux de deux grands clubs argentins se focalisent sur le jeune talent paraguayen alors qu’il effectue une tournée en Argentine: River Plate et Independiente de Avellaneda sont sur le coup, c’est finalement le maillot rouge des seconds qui l’attirera. Arsenio Erico est dans un premier temps menacé de se rendre coupable de trahison en « désertant » l’équipe, puis l’argent du transfert aidant, les autorités militaires le laisseront finalement partir.
L’inventeur du coup du scorpion
Vous me direz quelle est bien mignonne mon histoire, mais quand est-il des performances sportives ? Avec l’Independiente, Arsenio Erico s’est tout simplement forgé un statut d’idole du ballon rond, une réputation comme le fruit de ses douze années passées et des 295 buts marqués en 325 matches. Celui qui est alors devenu le « Saltarin rojo » (Saltarin désigne une personne toujours en mouvement, très énergique) a même affolé les compteurs entre 1937 et 1939 avec 132 réalisations en 92 matches joués. L’attaquant évolue alors dans un autre monde, tellement sûr de sa supériorité sur les défenses qu’il se permettait de pronostiquer le nombre de buts qu’il allait inscrire, un comportement qui lui vaudrait bien des sanctions de nos jours.
Une autre particularité est le côté extraordinaire, ou tout du moins acrobatique de ses buts: de nombreux témoignages insistent sur la capacité du joueur à sauter très haut dans les airs. Son but le plus célèbre restera celui inscrit contre Boca Junior, surnommé « el balancin » (le balancement), nous le connaissons mieux sous l’appellation coup du scorpion, popularisé par un autre Sud-Américain, le gardien colombien René Higuita.
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